Malgré la force du dollar canadien depuis un an, rien n’y fait. Les véhicules neufs continuent de se vendre ici 20 % plus cher qu’aux États-Unis.
Une recherche du Soleil démontre d’ailleurs que les écarts de prix sont demeurés importants ces derniers mois. En moyenne, les consommateurs canadiens et québécois ont payé 20 % de plus que leurs vis-à-vis américains depuis le début de 2008 pour une voiture neuve.
Sur les camions, les véhicules dits sports utilitaires (SUV) et les voitures plus luxueuses, les écarts de prix peuvent même parfois atteindre 40 %.
«C’est inacceptable», lance George Iny de l’Association pour la protection des automobilistes (APA). Selon ce dernier, les rabais offerts ces temps-ci aux consommateurs américains n’ont rien à voir avec ceux proposés de ce côté-ci de la frontière.
«Et venez surtout pas me dire que les constructeurs n’ont pas eu le temps de s’ajuster au dollar canadien. S’ils ne bougent pas, c’est parce que c’est très payant pour eux», jure M. Iny.
Hier, par exemple, un concessionnaire Toyota américain de Plattsburgh écoulait ses Camry LE à 20 829 $US. À Québec, la même voiture se vendait 24 755 $ CAN. La Solara se vendait 42 000 $ CAN contre 34 000 $US dans le Vermont.
Chez Nissan, le Rogue se vendait 30 % plus cher ici. Idem pour la Rabbit chez Volkswagen et le F-150 chez Ford.
Le constructeur plus près de la parité ? GM semblait sur la bonne voie hier avec ses modèles Cobalt et Equinox.
Le CAA-Québec n’en revient toujours pas des différences marquées des prix. «Ce n’est vraiment pas normal», soutient la porte-parole de l’organisme Roxanne Héroux.
En plus de noter des écarts de prix importants, le CAA-Québec a constaté que les frais de transport et de préparation imposés par les constructeurs au Canada étaient exorbitants. On parle de frais supplémentaires variant entre 30 et 60 %.
Par exemple, dans le cas d’une Subaru Outback construite au Japon, les frais imposés ici sont de 1495 $ contre 645 $ aux États-Unis, soit un écart de 57 %.
Chez Option consommateurs, on suit le dossier de près. «Les excuses des constructeurs ne tiennent plus la route, dit le directeur général Michel Arnold. Cela prouve surtout que quelque chose ne fonctionne pas.»
Recours collectif
Signe des temps, un recours collectif de 2 milliards $ a été déposé l’an dernier en Ontario contre GM, Honda, Nissan et Chrysler ainsi que la Corporation des associations de détaillants d’automobiles (CADA) du Canada.
Les plaignants soutiennent que les constructeurs visés ont conspiré pour vendre plus cher au Canada des véhicules neufs, question de diminuer l’attrait d’aller magasiner aux États-Unis.
Ils avancent que les constructeurs ont convenu de ne pas honorer les garanties des véhicules achetées de l’autre côté de la frontière, privant ainsi les Canadiens de rabais variant entre 25 et 35 %.
Possible d’acheter aux États-Unis
Acheter un véhicule neuf aux États-Unis n’est pas de tout repos. Surtout depuis que les constructeurs ont donné la consigne à leurs concessionnaires de ne pas vendre à des Canadiens. Et les règles de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA)? «Les constructeurs utilisent l’ALENA quand cela fait leur affaire», constate George Iny de l’APA. Par contre, il est beaucoup plus facile de passer par un concessionnaire importateur. L’entreprise Mystique Ventures de Moncton, au Nouveau-Brunswick, se spécialise dans ce genre de transactions. «Tout est légal», assure le propriétaire de l’entreprise. En moins de deux, on peut y acheter n’importe quel véhicule neuf importé des États-Unis. En quelques jours, la voiture est livrée dans votre cour. Les rabais varient selon le modèle choisi, entre 4000 $ et 20 000 $. Les garanties? Elles sont pour la plupart honorées par les constructeurs au Canada. George Iny croit qu’il y a de bonnes affaires à réaliser. «Les gens doivent cesser d’avoir peur. On peut acheter un véhicule aux États-Unis. Ce n’est pas un crime!»
Pierre Couture