L’INÉGALITÉ DES PRIX CANADA/ÉTATS-UNIS
Le grand manitou de l’automobile au Québec Jacques Duval a écrit un excellent article sur le prix des voitures au Québec
voici l’intégrale
L’INÉGALITÉ DES PRIX CANADA/ÉTATS-UNIS
September 29th, 2007
La nouvelle sur l’inégalité des prix des automobiles entre le Canada et les États-Unis publiée sur ce site il y a dix jours est devenu un dossier chaud, très chaud. Les journaux et la télé se sont emparés du sujet tandis qu’un recours collectif a été institué en Ontario par des automobilistes ayant, comme moi, été victimes de ce sérieux déficit. Quant à la télé, on pourra voir mardi prochain le 2 octobre à l’émission La Facture de la SRC un reportage étoffé traitant de cet écart de prix. On y suivra même un consommateur se rendant à Albany pour faire l’achat d’un Acura MDX, une transaction qui, une fois terminée, lui permettra d’épargner 19 000 $.
J’en sais quelque chose puisque j’ai participé à cette émission pour dénoncer justement cette scandaleuse exploitation des automobilistes canadiens. Sachez que ma propre petite enquête m’a permis de constater que l’inégalité des prix se situe entre 20 et 45 % et qu’elle touche à peu près tous les manufacturiers, que ce soit Honda, Ford, Smart ou Nissan. Ainsi, une Honda Accord SE V6 vous coûtera au bas mot 30 500 $ au Québec contre 23 350 $ aux États-Unis, une différence de 6750 $ ou à peu près 30%. Une Smart 2008 de nouvelle génération coûtera 11 590 $ au-delà de la frontière alors que la version 2007 la moins chère coûte actuellement 16 700 % au Québec, ce qui représente un écart de 5110 $ ou, tenez-vous bien, 44%.
Quant on fait les mêmes comparaisons avec des voitures de luxe, la situation est renversante. Ainsi, en achetant une Audi Q7 Quattro 4,2 chez l’Oncle Sam, vous économiserez suffisamment d’argent pour vous offrir une Mazda 3 avec la différence. En effet, le Q7 se vend chez-nous 68 9000 $ contre 49 900 $ aux États.
DES EXPLICATIONS FARFELUES
Quand on confronte les constructeurs automobiles sur une telle injustice, on a droit aux explications les plus farfelues. Les portes parole se réfugient derrière des arguments qui ne tiennent carrément pas la route. Audi et BMW par exemple affirment que leurs prix canadiens sont établis à partir de la valeur de l’euro. Foutaise, puisque l’euro s’échange en ce moment pour 1,42 $ contre le huard et à 1,41 $ contre le dollar US, soit approximativement le même taux de change. L’autre excuse a trait aux groupes d’accessoires qui seraient offerts en équipement de série au Canada et aux garanties qui seraient meilleures de ce côté ci de la frontière. .
Tout cela ne justifie par des différences de prix aussi défavorables pour les automobilistes d’ici. Une différence de 8 à 12 % serait sans doute acceptable, mais 20, 30 ou 40%, c’est carrément du vol. Certains diront que le consommateur ne fait pas une bonne affaire en allant magasiner au pays de George Bush parce qu’il risque de perdre la garantie de la voiture en plus de voir sa valeur de revente chuter au fil des ans. Quand on épargne 15 000 $ selon moi, on peut accepter de perdre environ 5000 $ à la revente. Quant à la garantie, si l’on achète une Acura MDX comme l’a fait le monsieur de La Facture, la fiabilité de ce modèle fait qu’il y a peu de chances pour que la garantie soit vraiment nécessaire. Soyons pessimiste et ajoutons 5000$ de réparations en 4 ans. On épargne encore 9000 $. On raconte enfin que certains manufacturiers empêchent désormais leurs concessionnaires américains de vendre à des Canadiens. Or, on a contourné le problème en vendant les voitures comme modèles d’occasion. Un vendeur accumule 2 à 300 milles avec l’auto et le tour est joué. On la vend comme un véhicule usagé.
Il ne reste plus à espérer maintenant que les manufacturiers emboîteront le pas de Porsche qui a été le premier à réagir et à abaisser ses prix d’environ 15%, même s’ils sont encore 20% plus élevés qu’aux États-Unis. On se croise les doigts.