Les voitures au Canada vs les prix aux USA !
Auteur: Hugues Gonnot
On ne sera jamais donc content. La fluctuation du dollar canadien et sa bonne santé actuelle rendent les produits que nous achetons plus chers qu’avant. Que ce soit de l’informatique aux DVD en passant, bien sûr, par l’automobile.
Petit rappel des faits
Il y a 5 ans, j’avais écrit un article similaire … mais dans l’autre sens. À cette époque, le dollar canadien pliait sous les coups de butoir de nos voisins du sud et atteignait un plancher historique de 1$ canadien pour 0,62$ US. À ce moment, un phénomène inquiétait de nombreux acteurs du secteur de l’automobile : le marché gris. En effet, la faiblesse du dollar canadien rendait nos voitures très intéressantes pour nos voisins du sud, qui n’hésitaient pas à venir les acheter chez nous. J’avais compilé une liste de 100 modèles équivalent et fait jouer le taux de change (à ce moment 0,63$) pour réaliser que, sur ces 100 modèles, les voitures canadiennes étaient en moyenne 16% moins cher, ce qui représentait un avantage moyen d’environ 7000$ canadiens. Dans certains cas, l’écart atteignait les 30%, soit presque 14 000 $ canadiens. C’est par dizaines de milliers que les voitures avaient pris la direction du sud à cette période.
Petit à petit, le dollar canadien s’est mis à monter, très progressivement. Le phénomène du marché gris s’est tassé de lui-même. Sans grand bruit, on est en train de s’approcher de la parité avec un dollar canadien qui tourne à 0,94 $ US ces jours ci. Problème, le prix des automobiles n’a pas suivi le réajustement.
Et aujourd’hui?
Je me suis de nouveau livré à un petit exercice similaire à celui d’il y a 5 ans, mais avec une quinzaine de voitures seulement. L’opération est simple : prendre le prix US de modèles similaire (niveau de finition, configuration mécanique, transmission), le convertir en dollars canadiens au taux de change du jour (soit 0,94) et le comparer au prix pratiqué sur notre marché. J’ai choisi ces 15 modèles parce qu’ils couvrent plusieurs segments du marché (du la sous-compacte à la sportive en passant par les berlines de luxe) et plusieurs marques différentes avec une petite préférence pour des modèles qui se vendent bien. Le choix n’est pas exhaustif mais, comme nous allons le voir, il est déjà significatif.
L’écart va de presque 14% à plus de 30% avec une moyenne qui s’établit autour de 24%. Oui, nous paierions en moyenne nos voitures quelques 24% plus chers qu’aux États-Unis!
Bien sûr, à 0,94$, on reste dans un cas de figure poussé dans le sens que cette valeur est un plafond historique depuis de très nombreuses années. En analysant la tendance, le dollar canadien s’est établit à une moyenne d’environ 0,88$ au cours de la dernière année. En refaisant la même simulation, on arrive à un écart moyen de 16%.
Réajuster
C’est le mot clé. Il semblerait que les constructeurs aient « oublié » de réajuster leurs prix. Eux qui tiraient la langue il y a 5 ans avec des prix artificiellement bas pour s’adapter à l’économie se portent aujourd’hui nettement mieux avec des prix artificiellement hauts.
Bien sûr, fixer le prix d’une voiture ne dépend pas uniquement du taux de change. Des dizaines de facteurs entrent en ligne de compte, dont la forme de l’économie locale et les prix qui y sont pratiqués (salaires, prix des services…). Il n’empêche que, comme pour les prix de l’essence, les répercutions à la hausse se font beaucoup plus rapidement qu’à la baisse. Et la montée du dollar canadien n’a rien eu de fulgurante. Il va falloir sérieusement que les constructeurs réévaluent leurs barèmes. Y a-t-il un risque que des canadiens aillent aux États-Unis en masse pour acheter leurs voitures et que l’on assiste à un marché gris inversé? Pas sûr… Les douaniers américains sont si charmants…
2 commentaires